Le sommeil de la théorie psychanalytique La théorie du rêve de Freud
La grande découverte freudienne : la voie royale vers l'inconscient.
L'interprétation des rêves est pour Freud la révélation de son sens (Freud, 1900, p.118) et elle a toujours constitué pour lui la première et grande découverte psychanalytique. C'était sa fierté intellectuelle, dont il s'est vanté plus explicitement de la contribution tout au long de sa vie. A la fin du chapitre VII de L'interprétation des rêves, (un chapitre qui, comme nous le savons déjà, est essentiellement théorique et que nous pouvons considérer comme le fondement de la psychanalyse), il définit l'interprétation onirique comme la "voie royale" d'accès au monde inconscient (Freud, 1900, p. 597), et il l'a toujours considérée comme un moyen puissant de contacter toutes les affections et les idées qui restaient en dehors de la conscience. Dans la période 1895-1900, il a consacré ses efforts à pénétrer le monde du symptôme névrotique, pour tenter d'en révéler le sens. C'est dans ce contexte théorico-clinique (auquel s'ajoute, de manière significative, le long et difficile processus d'auto-analyse dans lequel les rêves occupent une place principale), que sa valeur en tant que moyen d'accès au sens du caché dans l'inconscient commence à devenir évidente.
L'interprétation des rêves continue d'être effectuée à l'heure actuelle dans le cadre de la psychologie. En fait, certains psychologues ont leurs propres blogs de rêves comme c'est le cas de ce psychologue canadien.
La grande contribution freudienne
dans son travail avec les rêves comme phénomène en soi, a été de pénétrer sur le terrain du dévoilement du sens, en établissant que l'apparente absence de logique du sommeil n'était pas telle, mais que différentes lois entraient en jeu selon que l'appareil psychique fonctionnait en état d'éveil ou au moment du sommeil. Néanmoins, il nous semble que le facteur fondamental qui sert à promouvoir chez Freud un tel enthousiasme (n'oublions pas à cet égard le fantasme, partagé avec son ami Fliess dans une lettre qu'il lui a adressée en juin 1900, sur la prétendue plaque commémorative qui serait posée au sujet du "dévoilement du sens du sommeil"), est le suivant, Grâce à la découverte de la signification du sommeil, la psychanalyse abandonne le monde exclusif du symptôme pathologique et s'inscrit dans le monde de la normalité, ce qui signifie que la psychanalyse devient une méthode pour comprendre le psychisme de tout sujet et pas seulement le fonctionnement du psychisme pathologique.En se concentrant sur l'analyse de ses propres rêves et après ses premières expériences dans le traitement des phénomènes névrotiques, notamment hystériques, il devient convaincu des lois particulières qui régissent le fonctionnement inconscient, qui sont très différentes de celles qui régissent les phénomènes conscients. On peut dire que, pratiquement à l'unisson, Freud développe les mécanismes de formation des symptômes et ceux des rêves sous-jacents. Une égalisation pratique des rêves avec les symptômes névrotiques se produit en ce qui concerne la fonction, les mécanismes ou leur prise en compte comme des phénomènes de transaction (Freud, 1900, p. 570). Avec tout cela, il conclura que les lois du fonctionnement mental inconscient sont régies par ce qu'il appellera le processus primaire et qui caractérisera à la fois le fonctionnement du sommeil et de l'appareil psychique en général.
Cette vérification de l'inconscient comme phénomène universel, non circonscrit au pathologique, est le grand apport de la découverte du travail sur le sommeil, et ce au point de changer totalement le statut épistémologique de "la jeune science", comme Freud aimait l'appeler, puisque le sommeil étant un phénomène universel, la psychanalyse se transforme en une méthode qui permet de révéler le sens des actes inconscients de manière universelle. Cette assimilation de ce qui a été étudié sur les rêves à la généralité des phénomènes psychiques est exprimée de façon fondamentale dans le chapitre VII mentionné, que nous n'allons pas traiter en profondeur car il est suffisamment connu, et dans lequel il fait une description, non seulement du monde des rêves, mais de l'appareil psychique en général, faisant sa première hypothèse globale du fonctionnement du système, élaborant sa théorie sur la mémoire et établissant les principaux mécanismes d'intervention.